Il est fait mention de Brynhildr dans plusieurs Eddas :
– Völsunga Saga (cycle de Sigrdr)
– Sigrdrifumal
– Fáfnismal
–Helreid Brynhildar
Brynhildr est une des Valkyries, femmes guerrières présentes au Valhalla, au côté d’Odin, et qui accueillent les guerriers morts avec honneur. En tant que telle, elle est censé obéir aux ordres d’Odin. Ceci est un point capital dans son mythe, car c’est en lui désobéissant, qu’elle rencontre plus tard, Sigurd, le tueur de dragon.
Sigurd est un héros légendaire de la mythologie nordique qui apparaît dans plusieurs poèmes héroïques de l’Edda poétique. Sigurd apparaît également dans l’Edda de Snorri et est le personnage central de la Völsunga saga, écrits en prose à partir des poèmes héroïques plus anciens et probablement d’autres sources qui ne nous sont pas parvenues. Sigurd apparaît également dans la saga légendaire la Norna-Gests þáttr, où il défait le héros Starkadr.
Brynhildr est une jeune valkyrie, fille de Budli, lorsqu’elle prête serment à un « roi vaillant », Agnarr. Elle est élevée chez son père adoptif Heimir à Hlymdalir. Lorsqu’une bataille oppose les rois Agnarr et Hjálmgunnarr, Odin promet la victoire à ce dernier, toutefois Brynhildr lui désobéit et tue Hjálmgunnarr. Pour la punir, Odin la maudit d’un sommeil magique et l’enferme dans un mur de flammes que seul un homme qui ne connaît pas la peur, ou qui lui apporte l’or de Fáfnir , pourra traverser.
Sigurd est le descendant de la longue lignée des Völsungar, descendants eux-mêmes d’Odin. Avant que le roi Sigmund et sa femme Hjördís, fille du roi Eylimi, n’enfantent Sigurd, Sigmundr a avec sa sœur jumelle Signý un fils appelé Sinfjötli, puis avec sa première femme Borghildr il a un autre fils, Helgi, tous deux de grands guerriers au destin tragique.
Sigmundr livre bataille contre les fils de Hundingr, et il y combat le dieu Odin. Odin brise son épée et le blesse mortellement. Avant de mourir, Sigmundr annonce à sa femme Hjördís qu’elle est enceinte d’un fils, et il lui confie l’épée brisée appelée Gramr à donner à leur enfant. Hjördís se remarie avec Álfr Hjálpreksson, roi de Jylland (au Danemark), et à la naissance de son fils, celui-ci est aspergé d’eau et nommé Sigurd. Tous voient alors qu’il est des plus exceptionnels. Comme il est coutume dans les sociétés nordiques anciennes, Sigurd est élevé par un autre, en l’occurrence Reginn, maître forgeron du roi, qui lui apprend les exercices physiques et les runes.
Sur les conseils de Reginn, Sigurd demande un cheval au roi Álfr. En allant se choisir un cheval, Sigurd est assisté par un vieil inconnu, qui n’est autre que le dieu Odin, et il se choisit le cheval Grani qui est le meilleur des chevaux et le descendant de Sleipnir, le cheval d’Odin. Reginn conseille ensuite à Sigurd de se procurer l’or du dragon Fáfnir.
Reginn explique l’histoire de cet or. Il révèle qu’il est le fils de Hreidmarr et frère de Fáfnir et d’Otr. Une fois, les dieux Odin, Loki et Hoenir tuèrent Ótr qui s’était métamorphosé en loutre. Pour compenser le meurtre du fils de Hreidmarr, Loki a dû ravir pour lui l’or du nain Andvari qui par conséquent a maudit son trésor dont un anneau pour qu’il donne la mort à chacun de ses possesseurs. Fáfnir et Reginn ont ensuite tué leur propre père Hreidmarr pour l’or, mais Fáfnir l’a gardé pour lui seul, et depuis il surveille son or sous la forme d’un dragon. Sigurd demande à Reginn qu’il lui forge la meilleure épée. Mais Sigurd brise successivement les deux premières épées que Reginn lui forge, en les frappant contre l’enclume. Sigurd demande alors les morceaux de l’épée Gramr à sa mère, et Reginn reforge l’épée, qui est tellement tranchante et puissante que Sigurd parvient à fendre l’enclume jusqu’à la base. Sigurd visite son oncle maternel Grípir, qui a le don de prophétie. Ce dernier lui révèle toute sa destinée, sa gloire et sa chute.
Reginn souhaite alors que Sigurd trouve Fáfnir, mais le héros annonce vouloir d’abord venger son père des quatre frères fils de Hundingr. Il demande l’approbation des rois, qui offrent de lui fournir tout ce qu’il désire. Sigurd se dote alors d’une superbe armée et les guide en mer sous une tempête. Un vieil étranger, qui est encore le dieu Odin, se joint à la troupe en chantant les mérites de Sigurd. Lorsque l’armée débarque au royaume des fils de Hundingr, Odin les quitte. L’armée dévaste leur terre, et elle remporte une grande victoire contre les armées ennemies, où Sigurd tue personnellement tous les fils de Hundingr. La vengeance acquise, Sigurd accepte alors la nouvelle requête de Reginn de combattre le dragon Fáfnir.
Sigurd tue le dragon Fáfnir, et remporte ainsi son trésor. Dans la Völsunga saga, il est fait récit d’une première rencontre entre Sigurdr et Brynhildr. Sigurd se rend vers Frakkland où dort d’un sommeil magique une valkyrie nommée Brynhildr ou Sigrdrifá selon les textes. Il arrive à une montagne où une lumière monte jusqu’au ciel comme des flammes. Lorsqu’il s’approche il voit que c’est un rempart de boucliers, il le traverse et trouve la valkyrie qu’il réveille en lui coupant son armure avec son épée. La valkyrie enseigne au héros sagesse, secrets et conseils, puis ils se quittent après un serment de mariage.
Sigurd se loge ensuite chez Heimir, le mari d’une sœur de Brynhildr. Il y est accueilli avec grandes louanges. Brynhildr se loge également chez Heimir et Sigurd l’aperçoit. Son amour pour elle provoque en lui une grande tristesse, alors il la rencontre encore et ils réitèrent leur promesse de se marier, mais Brynhildr prédit qu’il rompra la promesse et épousera Gudrun. Sigurd lui offre alors l’anneau d’Andvari.
Par la suite, Brynhildr rencontre Gudrun, qui lui raconte alors un rêve qu’elle a fait :
« J’ai rêvé, dit Gudrun, que nous sortions en grand nombre de l’appartement des femmes, et que nous voyions un grand cerf; il surpassait de beaucoup les autres animaux; son pelage était d’or; nous voulûmes toutes l’attraper mais moi seule y réussis; je prisais cette bête plus que tout; alors tu abattis d’une flèche cet animal à mes pieds; j’en eu si grand deuil que ce fut à peine si je pus le supporter; alors tu me fis don d’un louveteau qui m’aspergea du sang de mes frères. » Brynhildr répond : « Je vais te dire ce qui va se produire : chez vous va venir Sigurdr, celui que je me suis choisi pour mari; Grimhildr lui donnera de l’hydromel mêlé de maléfices qui nous plongera tous dans une grande détresse; c’est lui que tu épouseras, mais tu le perdras bientôt; tu épouseras le roi Atli; tu perdras tes frères et alors tu tueras Atli. »
Sigurd visite le roi Gjuki et sa reine Grimhildr. Ils sont parents de trois fils, Gunnarr, Högni et Guthormr, et d’une fille, Gudrun. Grímhildr souhaite que Sigurdr reste et épouse sa fille, ainsi elle le fait boire un philtre d’oubli de sorte qu’il ne se souvienne plus de son serment avec la valkyrie Brynhildr. Ensuite, Sigurd, Gunnarr et Högni (mais pas Guthormr) se lient d’une fraternité jurée, et Sigurd épouse Gudrun avec qui il a un fils qu’ils appellent Sigmundr.
Par la suite, Grimhildr conseille son fils Gunnarr d’aller demander en mariage Brynhildr. Les trois guerriers se mettent alors en route, et en fin de compte, Brynhildr fait serment de mariage avec celui qu’elle pense être Gunnarr mais qui est en réalité Sigurdr :
VÖLSUNGA SAGA – CHAPITRE 27
Le roi Budli fit bon accueil, si elle ne refusait pas, mais il dit qu’elle a si haute opinion d’elle-même qu’elle n’épousera que l’homme qu’elle aura elle-même choisi. Ils chevauchent alors dans Hlymdalir. Heimir leur fit bon accueil. Gunnarr dit l’objet de leur venue. Heimir dit que le choix était laissé de l’homme qu’elle épouserait, qu’elle habitait à peu de distance de là et qu’il pensait qu’elle ne voudrait pas d’autre mari que l’homme qui chevaucherait à travers le feu ardent qui entourait sa demeure. Ils trouvèrent là cette demeure, et le feu, y virent une forteresse aux charpentes dorées autour de laquelle brûlait un feu. Gunnarr montait Goti, et Högni, Hölkvir. Gunnarr dirigea son cheval sur le feu, mais la bête s’accula. Sigurdr dit : « pourquoi recules-tu, Gunnarr ? » Il répond : « Mon cheval ne veut pas traverser le feu », et il prie Sigurdr de lui prêter Grani. « Volontiers », dit Sigurdr. Gunnar chevauche à présent vers le feu mais Grani ne veut pas avancer. Gunnarr ne peut chevaucher à travers ce feu; alors ils échangent leurs apparences, comme Grimhildr l’avait enseigné à Sigurdr, et à Gunnarr. Ensuite, Sigurdr chevaucha, et il avait Gramr à la main, et il avait attaché des éperons d’or à ses pieds. Quand il sentit les éperons, Grani bondit vers le feu. Il y eut alors grand vacarme : le feu se mit à faire rage et la terre à trembler; la flamme atteignait le ciel. Nul n’avait osé faire ce que tentait Sigurdr, et ce fut comme s’il chevauchait dans la ténèbre. Alors, le feu s’apaisa. […] Et quand Sigurdr arriva de l’autre côté de la flamme, il trouva une belle demeure et Brynhildr était là.
Il y resta trois nuits et ils couchèrent dans le même lit. Il prit l’épée Gramr et la plaça nue entre eux. Elle demanda ce que cela signifiait. Il dit que les choses étaient ainsi faites que c’était de la sorte qu’il célébrerait ses noces avec sa femme, ou bien il recevrait la mort. Il lui prit l’anneau qui lui venait d’Andvari et qu’il lui avait donné, et lui donna un autre anneau provenant de l’héritage de Fafnir. Après cela, il s’en alla en chevauchant à travers le même feu, jusqu’à ses compagnons et ils échangèrent de nouveau leurs apparences, puis chevauchèrent jusqu’à Hlymdalir et dirent comment les choses s’étaient passées.
Ensuite Sigurd retrouve Gunnarr et ils reprennent leurs formes respectives, tandis que Brynhildr émet des doutes sur l’identité de son nouveau mari, et confie la fille qu’elle a eu avec Sigurd, Aslaug, à son père adoptif Heimir. Au banquet pour fêter le mariage, Sigurd se souvient des serments qu’il avait échangés avec Brynhildr mais ne change rien à son comportement.
C’est bien plus tard que la vérité est dévoilée, lorsque Brynhildr et Gudrun se retrouvent seules.
VÖLSUNGA SAGA – CHAPITRE 28
Brynhildr dit : « Pourquoi serais-je ton égale en cela plutôt que dans les autres choses? Je croyais mon père plus puissant que le tien, et mon mari a accompli maintes prouesses et traversé le feu ardent alors que le tien a été esclave du roi Hjalprekr. » Gudrun répondit en colère : « Il serait plus avisé de ta part de te taire que de blâmer mon mari. Tout le monde dit qu’il ne s’est pas encore trouvé au monde un homme comme lui, en quoi que ce soit, et il ne te sied pas de le blâmer, car c’est lui ton premier mari, et c’est lui qui a tué Fafnir et chevauché à travers la flamme, lui que tu prenais pour Gunnarr, et il s’est couché près de toi, et il a enlevé de ta main l’anneau qui venait d’Andvari et tu le reconnaîtras bien maintenant. » Brynhildr regarde alors l’anneau et le reconnaît; elle devint alors aussi pâle que si elle était morte. […]
Le lendemain, les deux femmes étaient assises dans leur pavillon, et Brynhildr restait taciturne. Alors Gudrun dit : « Sois joyeuse, Brynhildr, est-ce la conversation que nous avons eue qui te chagrine? Ou alors, qu’est-ce qui t’ôte ta joie? » Brynhildr répondit: « C’est par mauvais vouloir que tu dis cela, et tu as le coeur cruel. — Ne crois pas cela, dit Gudrun, et dis plutôt ce que tu penses. » Brynhildr répondit: « Ne demande que ce que tu as intérêt à savoir, voilà ce qui sed aux femmes puissantes. Quand tout va à ton gré, il est facile de souhaiter du bien. » Gudrun répondit: « Il est trop tôt pour se glorifier de cela, et cela présage sûrement quelque chose. De quoi as-tu à me blâmer? Je ne t’ai jamais rien fait de mal. » Brynhildr dit: « Il faut que tu expies d’avoir épousé Sigurdr, et il ne me plaît pas que tu jouisses et de lui et de tout l’or ». Gudrun répondit: « Je ne savais pas ce qui s’était passé entre vous, et mon père n’avait pas besoin, que je sache, de te demander ton avis pour me marier. » Brynhildr répondit: « Nous n’avons pas tenu secret que nous nous étions fait mutuellement serment, et vous saviez bien que vous me trahissiez, et je vengerai cela. »
Brynhildr accuse Sigurd de trahison, mais il défend les mérites de Gunnarr et avoue son amour pour elle bien que rien ne puisse être changé, puisque les noces ont déjà été célébrées. Ensuite Brynhildr exige de Gunnarr la mort de Sigurd et de son fils, en représailles pour cet affront. Alors, Gunnarr et Högni chargent leur frère Guthormr, qui n’avait pas fait de serments de fraternité avec Sigurd, de tuer le héros. À deux reprises, Guþormr entre dans la chambre de Sigurd pour le tuer, mais perd son courage face à son regard perçant. La troisième fois, Sigurd est endormi et Guthormr le frappe de son épée mais il est tué par Sigurd. Avant de mourir, Sigurd dit à sa femme Gudrun qu’il accepte son destin et que la cause de sa mort est l’amour que lui porte Brynhildr.
Pleine de regrets, Brynhildr annonce la naissance de la fille de Sigurd et de Gudrun, Svanhildr , et la trame du reste du cycle, avant de se donner la mort.
*********************************************************************Cette histoire est l’un des grands mythes au cœur de la trame de Herkkä, bien que remanié/réécrit.
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